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Le Mythe de Narcisse et la Psychanalyse

 

 

    Narcisse est un chasseur d’une grande beauté. Objet de la brûlante passion de trèsnombreux jeunes gens et nymphes, il reste toutefois insensible à leur amour. Même le chagrin de la charmante nymphe Écho ne réussit à l’émouvoir. La nymphe suit Narcisse partout sans pouvoir lui parler pour lui dire son amour, puisqu’elle a été condamnée par Héra, la femme de Zeus, à ne plus se servir de sa langue que pour répéter ce qui lui est dit : « Tu auras toujours le dernier mot, mais jamais plus tu ne parleras la première. » Un jour, Artémis (la déesse des bois et des créatures sauvages) emmène Narcisse au bord d’une claire fontaine. Dès qu’il y aperçoit sa propre image, il s’en éprend sur-le-champ. Narcisse aime tant se contempler dans le reflet de l’eau qu’en voulant embrasser sa propre image il se noie.

 

    Pour Freud, le narcissisme est « un état précoce de l’organisation des pulsions de l’enfant qui investit la totalité de son énergie (libido) sur lui-même. L’enfant se prend lui-même comme objet d’amour. » Le narcissisme primaire correspond à un stade normal de l’évolution de la libido.

    Freud nommera « narcissisme secondaire » cet amour de soi qui succède à la découverte de la réalité extérieure. Le moi s’enrichit des relations de l’enfant avec l’extérieur. La libido se partage entre le moi et les objets extérieurs. Le narcissisme secondaire apparaît donc quand l’énergie de la libido a commencé à se répartir entre le moi et les objets extérieurs. À cause de frustrations ou de difficultés, la libido se détache des objets pour retourner sur soi.

 

  Freud parle de narcissisme sain lorsqu’il y a un équilibre entre l’investissement de la libido envers soi-même et son investissement envers l’Autre. Ce type de narcissisme se construit aussi grâce à la formation de l’idéal du moi auquel l’enfant va tenter de se conformer. L’idéal du moi est formé par l’identification à des idéaux parentaux et culturels projetés à l’extérieur – « je veux être comme papa… ». Le sujet intègre des valeurs qu’il juge intéressantes et va essayer de les suivre et de les mettre en pratique.

 

    Nous rencontrons un narcissisme pathologique dans deux cas : quand la libido est surinvestie vers des objets extérieurs (c’est le cas de la dépression, ou de la dépendance affective) ; quand la libido est surinvestie sur le moi (cela amène aux délires de grandeur, au moi idéal survalorisé).

 

   Le moi idéal quant à lui est un idéal de toute-puissance narcissique, formé sur le modèle narcissique infantile. Le sujet se perçoit comme idéalisé – « je me vois être un héros… ». Dans le moi idéal, le sujet est prisonnier de l’image qu’il s’est faite ou qu’il a reçue de son environnement et à laquelle il doit, à tout prix, adhérer et qu’il doit réaliser, sous peine d’être dévalorisé par l’Autre ou par lui-même. Il est prisonnier de ce moi idéal.

Ancre 1
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